La série Battement/Part 1 nous plonge dans l’actualité. Ces grandes toiles évoquent les migrations, la puissance des réseaux, les luttes de pouvoir… Les surfaces se façonnent en multiples strates : des citations picturales et des références mythologiques enrichissent les lectures, rendant le propos intemporel et universel.
Un montage infini
Travail en profondeur donc mais aussi en envergure. L’œuvre déborde à proprement parler : les champs qui la constituent sont dupliqués et modifiés en des fragments indépendants. Ceux-ci peuvent être agencés et combinés à l’infini. Comme si, au rétrécissement du monde actuel, l’artiste opposait l’espace artistique sans limites.
Qu’ils soient vierges ou animés de films, de photos ou textes, ces pans multiplient les interprétations amplifiant paradoxalement le mystère. On pense inévitablement à la déconstruction derridienne et « au mouvement du monde comme jeu ».
L’irréductible énigme
Et, à mieux y regarder, ces peintures évoquent toujours un moment suspendu : une chute, un envol, un intervalle… On est là au cœur de la fragilité humaine, dans le « battement » des choses que Didi-Huberman définit comme «la mise en rythme de l’être et du non être», dans la mise en évidence de cet « essentiel toujours manquant, celui de la durée, du changement, de la plasticité et du dépli des formes. »
Apatrides, sans-foyer.
Ils sont là.
Et ils nous accueillent
généreusement
Dans leur regard fugitif,
nous, les oublieux, les aveugles.
Ils passent et ils nous pensent.
N. Giannari, Passer, quoi qu’il en coûte
J’avais décidé d’être le nègre que les blancs n’auraient pas.
Je voltige comme un papillon
mais pique comme une abeille.
Mohammed Ali in J.C.Oates, De la boxe
Exposition extrême – avant toute visée humaine –
comme un tir « à bout portant ».
E. Lévinas, Altérité et transcendance
– Abel! Abel!(…)– Caïn! Caïn!(…)– C’est toute l’humanité.
S. Beckett, En attendant Godot
Il ne peut y avoir don
qu’à l’instant où une effraction aura eu lieu dans le cercle.
J. Derrida, Ethique de la mort